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Transcription de l’interview
Valérie Sauvage
Alors j’ai le grand plaisir d’accueillir aujourd’hui Mario Piromalli, qui fait partie des personnes pour moi très inspirantes. Je suis loin d’être la seule et je trouve qu’il est toujours intéressant d’aller demander à ceux qui sont au cœur de l’entrepreneuriat, qui ont fait une carrière que les autres regardent, que les autres admirent, qu’ils commentent en tout cas. On ne peut pas faire l’unanimité, mais ce qui compte, c’est de faire les choses qu’on aime ou de les faire à la manière qui nous semble la plus juste. Et je tenais à poser quelques questions à Mario Piromalli. Que vous soyez entrepreneur, étudiant, que vous rêviez d’une vie emplie de sens, en tout cas, je pense que vous allez beaucoup apprécier cette interview. On fait ça naturellement. Le but, c’est que ce soit un message qui arrive, qui vous marque, que ça créer un déclic. Et puis Et puis du coup, on va parler aussi aux étudiants de Rennes School of Business et on va revenir sur ce que vous pensez être un profil irrésistible. Alors ça, c’est une question un peu particulière. Mais pour ceux qui le savent, c’est dans le cadre de l’écriture du livre qui va sortir très bientôt pour aider ceux qui ont envie d’apporter plus à leur potentiel et donc votre regard, je suis très curieuse de le découvrir. Alors est ce que vous pouvez revenir sur votre parcours et sur quelques années en arrière et sur là où vous en êtes aujourd’hui ?
Mario Piromalli
Alors quelques années en arrière, vous êtes gentille parce que j’ai 62 ans. Donc s’il faut reparler un petit peu de mes études, de mon enfance, il faut reculer un petit peu plus lointain. D’abord, je viens de l’est de la France. Je suis né dans une famille de onze frères et sœurs, de parents immigrés. Mon père était mineur de fond et ma maman s’occupait des onze enfants. Vous imaginez ce que ça peut être. J’ai fait l’école hôtelière à Strasbourg dans laquelle j’ai beaucoup appris. Malheureusement, je suis resté que deux ans. J’ai fait un BEP option restaurant très exactement où j’ai appris à servir les gens et ce mot servir est très important pour moi en tous les cas parce que servir, ça a inspiré toute ma vie. Je voudrais vous dire je ne sais pas trop de quoi on va parler exactement, mais pour moi, servir, c’est le plus beau métier du monde, quel que soit le métier dans lequel on est. Mais servir à quelqu’un, c’est beau. C’est le plus beau métier du monde.
Valérie Sauvage
Parce que vous mettez beaucoup de sens dans ce mot. C’est-à-dire que « servir », il y a une question de sens. Il y a une question de servir à quelque chose, servir quelqu’un
Mario Piromalli
Oui, c’est l’utilité que l’on a pour les autres, parce qu’on n’est pas tout seul sur terre. Se servir, c’est facile. Se servir, c’est merveilleux, mais c’est servir à quelqu’un, servir à quelque chose, servir à une communauté, servir à une entreprise. Ça, ça commence à avoir du sens, en tous les cas pour moi. Donc, même si dans mon cas, j’ai fait l’école hôtelière et on pense tout de suite restauration. Mais il faut regarder ça un peu plus largement et penser à « mais pourquoi je suis là ? Qu’est ce que j’ai à faire là dedans ? Qu’est ce que je peux apporter de plus ? » Quelles que soient mes origines, quels que soient mes diplômes, quel que soit tout ce que je sais. Mais qu’est ce que je peux apporter de plus ? Donc servir, c’est important.
Valérie Sauvage
Et ça, c’est quelque chose que vous aviez en tête très jeune déjà ?
Mario Piromalli
Je m’en suis rendu compte au fil de l’eau, tranquillement. Je ne suis pas née avec ça en tête certainement, mais je me suis très, très vite aperçu que j’étais attiré par le fait de vouloir servir les autres d’abord. Rendre service, de façon un peu naïve comme ça. « Qu’est ce que je peux faire pour vous ? Qu’est ce que je peux faire pour que vous soyez heureux ? Que vous passiez un moment sympa dans le restaurant ? » et ainsi de suite. Et très vite, je me suis aperçu que servir, ça allait bien au delà de ça. Et ce n’est pas quelque chose de décevant de servir. Ce n’est pas quelque chose de bas de gamme, bien au contraire. Bien au contraire.
Valérie Sauvage
Alors du coup, grande famille, vos études. Et puis après l’entrée dans la vie active.
Mario Piromalli
Oui, j’ai quitté l’école hôtelière très vite parce que j’aurais dû continuer dans cette voie. J’ai quitté parce que on m’a fait une proposition que je n’ai pas pu refuser. J’étais encore à l’école hôtelière. On m’a demandé si je voulais être au service de Sa Majesté impériale, le Shah d’Iran, et j’ai dit oui, j’ai dit oui, comme cinq autres élèves de l’école hôtelière, plus d’autres personnes qui venaient du monde entier et qui étaient tous réunis sur l’île de Kish, en Iran, ou le chah d’Iran avait prévu un espèce d’endroit paradisiaque où ils pouvaient recevoir toutes les têtes couronnées du monde. Ce n’était pas du tourisme de masse. Oui, c’était du tourisme très spécialisé. Donc je suis immédiatement parti en Iran avec quatre ou cinq de mes camarades et j’ai fait une des plus belles expériences de ma vie.
Valérie Sauvage
On peut rappeler votre âge à ce moment là ?
Mario Piromalli
J’avais juste 18 ans.
Valérie Sauvage
Donc sacrée expérience très jeune, d’accord.
Mario Piromalli
Oui, oui. Et puis arriver dans un endroit comme celui là, paradisiaque. Une île, il fait beau, Il y a des hôtels tout neufs qui sont construits, des salles de restaurant magnifiques avec des couverts Christofle. Et puis vous voyez arriver la famille royale, des princes des princesses, Hussein de Jordanie, Valéry Giscard d’Estaing, le baron Rothschild… et tous ces gens là, vous les servez , pour un jeune de 18 ans qui sort juste de l’école hôtelière, C’est magnifique. Donc j’ai quitté l’école pour ça et je suis très content aujourd’hui d’avoir fait ça. Ça m’a permis de voir ce monde là. Je n’aurais jamais pu rentrer dans presque l’intimité de ces gens là si je les avais pas servi en fait. Malheureusement, cette expérience a duré une année. Parce que le shah d’Iran a été destitué et donc on a dû rentrer très rapidement en France parce qu’il y avait la révolution en Iran. Je suis rentré en France, je suis arrivé à Strasbourg, c’était mon port d’attache et à Strasbourg on ouvrait le premier McDo en France. Nous sommes en 1979 et je suis intrigué par cette nouvelle forme de restauration. Je me dis mais qu’est ce que c’est que ce truc là ? Faut que j’aille voir quoi . On sert non pas des filets de bœuf Wellington, mais des hamburgers. Et puis il n’y a pas de couverts. On mange avec les doigts. J’étais scotché. Donc je suis allé voir. Ça venait juste d’ouvrir et je me suis rendu compte que c’était un nouveau monde extraordinaire qui me plaisait, qui me plaisait. ça me plaisait, surtout parce que c’était nouveau, parce qu’il y avait un concept bien pensé. Tout était ordonné et tout était pensé pour le client. Et j’en reviens à mon histoire de service. J’étais dans mon créneau, j’étais bien. Donc j’ai postulé.
Valérie Sauvage
Alors on est à 1000 lieux de l’expérience précédente en termes de manière de manger, manière de servir, mais toujours ce sens du service qui reste très positif. Il faut avoir conscience que beaucoup de personnes voient le service comme quelque chose qui ne les attire pas. Et pourtant, il y a tant de choses à offrir, tant de choses à vivre, autant de choses à découvrir. Et puis de belles choses.
Mario Piromalli
Oui. Quand j’étais en Iran, je servais les princes et princesses. Je me souviens que un jour, une princesse en guise de pourboire, m’a offert un briquet en or Cartier. Et parce qu’elle était contente et c’était sa façon de me dire merci. Et quand j’étais à Strasbourg et j’ai commencé à être équipier au McDo de Strasbourg, je voyais ces gens qui accédaient à un restaurant parce qu’ils ne pouvaient pas aller au restaurant. Mais cette forme de restauration leur était accessible et c’était exactement le même merci. C’était exactement le même service. C’était exactement la même satisfaction pour moi. Rendre les gens heureux, il n’y a rien de plus beau au monde.
Valérie Sauvage
C’est vrai. Alors du coup, vos équipiers au départ. Et puis la suite ?
Mario Piromalli
Très vite, parce que je suis plutôt un battant. J’avance plutôt assez vite. Je suis devenu manager puis directeur. Et puis, très vite, j’ai compris que pour gravir les échelons dans cette société, il fallait être mobile. Donc j’ai fait le tour de France des ouvertures des McDo, et j’ai connu des villes que je ne connaissais pas et j’aidais les franchisés à ouvrir leur restaurant Là, encore une fois, j’ai fait ça quelques années. J’ai travaillé un petit peu en France, un petit peu à l’étranger et je me suis rendu compte que c’était très bien de faire ça pour les autres et que ce serait mieux de faire ça pour moi.
Valérie Sauvage
Ça y est, ça, ça cheminé.
Mario Piromalli
Oui, j’ai pris goût à l’entrepreneuriat. A ce moment là, je me suis dit il y a pas de raison. Je maîtrise ce que je fais. Je fais ça bien. Pourquoi je le ferais pas pour moi ? C’est quoi la différence entre les autres et moi ? Bon, j’ai très vite compris parce que j’ai demandé à devenir franchisé et on m’a dit non. Pendant au moins deux ans. On n’arrêtait pas de me dire non, ça ne m’empêchait pas de redemander.
Valérie Sauvage
Et pourquoi on vous disait non ?
Mario Piromalli
Parce qu’à l’époque, j’avais 24 ans, 25 ans et que la franchisé avait 40 ans en moyenne et qu’ils avaient l’équivalent d’aujourd’hui, c’est à dire 150 000 € d’apport personnel. Et que moi j’avais rien du tout. Donc c’étaient deux bonnes raisons pour me dire non et. Et puis, un beau jour, la chance a souri. C’est que la chance, c’est un facteur de réussite extraordinaire. La chance, c’est quelque chose qu’il ne faut pas regarder comme ça, comme si c’était rien. La chance, c’est important pour nous tous et c’est important dans les affaires. Un jour, je redemande au président de Mcdo France « Je tiens à te dire que je voudrais être franchisé… » et ainsi de suite. Et je m’attends comme d’habitude à ce qui me dise « arrête de m’embêter, ça c’est fini, on n’en parle plus ». Puis et je le vois interrogatif et il est avec son bras droit et son bras droit lui dit « Tu sais, on vient d’ouvrir un resto à Rennes, en Bretagne, et je te signale que tu veux le fermer parce qu’il marche pas. Pourquoi tu lui filerait pas ? »
Et là, le président se retourne vers moi et il me dit « Rennes tu connais ? » Je dis « ben non c’est où ? ». Donc il m’explique et il m’explique qu’on vient d’ouvrir un McDo dans un nouveau centre commercial qui est le centre commercial Colombia pour les Rennais qui venait d’ouvrir aussi mais qui ne fonctionne pas et qui ne trouvait pas de franchisés. Donc il me dit « Si tu veux, on va voir si ça t’intéresse, tu peux l’avoir ». J’ai pris très rapidement l’avion. Je suis venu à Rennes, à Colombia. J’ai vu ce restaurant magnifique dans le quartier du Colombier, entouré de tours d’habitation. Pour eux, c’était un resto qui ne marchait pas. Pour moi, c’était la défense. Vous savez le quartier de la défense à Paris. Et je me suis dit mais c’est impossible que ça ne marche pas, il se passe quelque chose. Donc j’ai immédiatement dit oui. Je suis devenu franchisé. Bien sûr, je n’ai pas racheté le restaurant parce que je n’avais pas d’argent. Mais c’est là où les grandes sociétés sont intelligentes. Ils m’ont permis de devenir franchisé sans rien acheter, en me louant. Et au bout d’un an, un an et demi, je l’ai racheté. Voilà comment je suis devenu franchisé.
Valérie Sauvage
Le tout premier et qui a toujours sans doute une importance particulière. Parce que maintenant, il y en a quelques en plus. Mais quel est le nombre aujourd’hui ?
Mario Piromalli
Là, dans une semaine, j’ouvrirai mon 23ᵉ restaurant. Toujours autour de Rennes, Rennes et autour de Rennes, 50 kilomètres autour de Rennes.
Valérie Sauvage
Et vous savez les faire marcher.
Mario Piromalli
C’est mon métier, c’est ma vie, c’est ça ma vie.
Valérie Sauvage
Alors on en a parlé un petit peu en off, avant de commencer l’interview, vous me dites Je fais mon métier, c’est ma vie. C’est votre passion aussi parce que vous considérez que vous ne travaillez pas. C’est-à-dire que de l’extérieur on imagine beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail, peut être de pression, de stress. Et vous, vous avez un autre regard, une autre manière de le vivre.
Mario Piromalli
Oui, je vous disais que j’ai jamais eu l’impression d’avoir travaillé. Je ne travaille pas, jamais. Bien sûr, des fois, je suis fatigué, des fois il y a des des efforts, mais ça ne me coûte rien. Je vis ma vie comme un chemin qu’on parcourt tranquillement. Puis on avance, on avance on avance et les choses se font quand on le fait sérieusement, mais surtout quand on maîtrise ces choses. Et moi, j’ai une chance inouïe, c’est que je connais bien mon métier et je suis disponible corps et âme pour mon métier et pour les gens qui m’entourent. Donc je ne travaille pas. Je participe avec d’autres à servir des personnes.
Valérie Sauvage
Cette manière de regarder les choses vous arrivez à le transmettre à ceux qui sont au quotidien, qui œuvrent, vos managers, ceux qui collaborent avec vous même sur d’autres projets… Est ce que vous arrivez à amener, à répandre cette manière de voir les choses ?
Mario Piromalli
Après le mot servir, vous venez de prononcer le deuxième mot le plus important que je considère comme être le plus important quand on est un chef d’entreprise : transmettre. À quoi ça sert d’accumuler des choses que l’on que l’on maîtrise si on les garde pour soi . ça n’a aucun sens. Les transmettre, ça devient plus intéressant tout de suite. Donc oui, transmettre autour de moi, c’est quelque chose que je que je fais au quotidien. En fait, c’est ça mon vrai travail. Mon vrai travail, c’est de faire en sorte que ma façon de voir les choses, ma façon de gérer l’entreprise, la façon dont on doit parler aux gens et ainsi de suite… Que je le transmette aux personnes qui sont autour de moi pour que ça me ressemble et que ça reste la belle entreprise que j’ai créée au départ.
Valérie Sauvage
Qui continue de grandir, mais portée par, par cette même envie, par ces mêmes valeurs que vous, vous continuez de ressentir parce qu’on pourrait se fatiguer d’un univers, d’un projet qui se multiplie. Mais vous, ça anime finalement, ce qui est important pour vous, c’est une manière de le faire à plein d’endroits, auprès de plein de personnes qui travaillent avec vous. Je pense que vous dites sans doute travailler avec vous plutôt que pour vous. Et les clients qui découvrent ça parce que vous le dites très bien c’est-à-dire qu’il y a des personnes qui vont chez McDonald’s, qui n’ont pas forcément les moyens d’aller dans d’autres types de restauration, d’autres d’autres types de restaurants. C’est leur sortie. Vous avez réussi à rendre ça plaisant pour les enfants ça depuis très longtemps. C’est c’est quelque chose qui fonctionne très très bien auprès des enfants, cette attraction dans ce type d’établissement. Et puis beaucoup d’adultes, des profils très différents et pour plein de raisons. Je vous donnait d’ailleurs une indication, celle qui est donnée chez Air France. C’était une surprise pour vous, mais je pense que c’est important de le rappeler. Alors cette information, c’est que chez Air France, McDonald’s est montré en exemple. C’était une surprise pour vous. Les personnes qui travaillent chez Air France vont se dire mais de quoi parle t-elle ? Et bien j’ai un souvenir, j’ai un souvenir fort. On connaît les standards d’Air France, cette envie de toujours amener de l’émerveillement du plus. C’est d’ailleurs étudié au sein d’autres compagnies dans le monde.
Cette manière de servir et d’amener toujours cette élégance dans le service. Et Air France du jour où les McCafé ont fait leur apparition, que le service à table est arrivé en complément de ce qui se faisait déjà qui, pour simplement un café ou pour une boisson complémentaire et bien était apporté avec autant de délicatesse que possible. Ça dépend de vos équipiers, mais vous y veillez attentivement. Et bien sur, un plateau est pour qu’Air France avec ses standards prenne en exemple McDonald’s. Je trouve que c’est une magnifique victoire parce que ce qui est dit, c’est si McDonald’s a fait monter le Standard, Air France doit le maintenir. Et Air France doit aussi amener chaque café, chaque verre, à un passager, à un client avec cette même élégance, sans jamais apporter un verre de main à la main. Parce que dans les codes, ça peut vous rappeler des souvenirs. Dans l’hôtellerie, ça n’est pas ce qui est promu et je pense que c’est aussi une belle récompense de voir que McDonald’s continue de s’implanter de plus en plus avec un standard qui augmente tout en restant accessible, c’est à dire que ça reste accessible. On parle de tarifs, on parle de clientèle. Cette vaste campagne de publicité « venez comme vous êtes » c’est important. C’est vraiment l’accueil, l’accueil. Vous parlez de service, mais ça fonctionne avec cet accueil et je trouve ça magnifique. Avec le parcours que vous avez, vous êtes autodidacte mais vous avez appris, vous avez appris votre métier. Vous avez quand même amené ce que vous aviez appris en école hôtelière et vous l’avez enrichi de votre envie d’amener plus. Ça m’amène à cette question c’est-à-dire qu’au sein d’un livre pour conseiller à tout type de profils sur ce qu’ils peuvent ajouter à leur identité, à leur personnalité. Quels sont pour vous les éléments qui font la différence ? Quelles sont ces qualités comportementales, humaines qui vont vous séduire, qui vont vous donner envie de travailler et de collaborer, d’embaucher certaines personnes, peut être plus que d’autres ?
Mario Piromalli
D’abord, je reviens une seconde sur ce qu’on parlait tout à l’heure sur MacDo, juste pour vous rappeler que je ne suis qu’un franchisé McDonald’s. Je ne fait qu’appliquer des normes et de standards que McDo dans le monde et en France en particulier a mis en place. Je ne les ai pas inventées. Et j’ajoute que ce n’est pas si facile que ça, juste d’appliquer des normes et des principes. Mais je ne voudrais pas que l’on pense que je suis McDo, que j’ai tout inventé, certainement pas. Après, pour parler des autres, Comment percevoir en eux des qualités et comment quand on est une personne les sublimer, moi je pense que quand on est côté recruteur, il faut avoir l’humilité d’embaucher des personnes qui ne vous ressemblent pas parce qu’on a tous le même défaut on veut embaucher des personnes qui ne ressemblent. Vous savez, celui qui a fait comme moi, qui travaille tellement, qui est comme moi, c’est bien cinq minutes. Mais si on veut faire prospérer l’entreprise, il faut embaucher des personnes qui ne sont surtout pas comme moi pour apporter un plus à sa propre entreprise. Mais pour faire ça, il faut de l’humilité. Parce qu’on est amené à embaucher des personnes qui sont meilleures que soi.
Valérie Sauvage
Et ça, quand ça vous arrive, ça doit être un soulagement plutôt qu’une crainte. Il y a des entrepreneurs qui ont peur de ces embauches, de vrais profils, mais vous, finalement, vous comprenez que le bonheur, c’est ça ?
Mario Piromalli
Quel bonheur !
Valérie Sauvage
C’est de la sérénité, de l’inspiration même pour vous ? Parce que je pense que vous pouvez vous dire lui ou elle i y a quelque chose et vous êtes très fiers de pouvoir travailler avec lui.
Mario Piromalli
Apporter dans son entreprise une pépite complémentaire supplémentaire qui ne vous ressemble pas. Tout ça, ça fait une belle bague qui rayonne vraiment bien. Je pense que c’est vraiment un atout que de savoir recruter des personnes qui vous ressemblent pas et qui amèneront quelque chose de plus, de mieux que vous même. Après, il faut savoir gérer ces personnes là, et là, encore une fois, je pense qu’il faut des qualités humaines toutes simples : s’intéresser aux autres. Qu’est ce qui peut bien vous intéresser ? Comment vous réfléchissez, comment vous voyez les choses ? Il faut que j’ai pour vous une certaine empathie pour que l’on puisse travailler ensemble, communiquer ensemble pour le bien de l’entreprise. Donc l’empathie, c’est une qualité managériale primordiale. Ne pas s’intéresser aux autres, c’est juste impossible dans le management. Je pense que pour que les autres donnent le meilleur d’eux mêmes, il faut qu’on s’intéresse à eux. C’est pas plus compliqué que ça, alors s’intéresser aux autres, être humble, ça ne veut pas dire tout laisser faire. Ça ne veut pas dire se mettre en dessous des autres. Non, bien au contraire. Il faut en face de ça de l’exigence, garder l’esprit de son entreprise, l’imposer s’il le faut, l’expliquer mais savoir écouter l’autre quand il dit quelque chose de plus intéressant que vous.
Valérie Sauvage
Alors c’est très inspirant parce que ça rejoint toujours ce côté. « On avance ensemble, avec des profils complémentaires ». On a besoin pour manager, pas simplement de théorie. De belles méthodes qu’on peut apprendre. C’est l’enseignement de la vie, C’est ce que vous vous avez appris, vous avez dû observer beaucoup. Déjà, quand vous entendiez des « non » avant d’avoir ce fameux « oui » pour le premier établissement. Et du coup, ces profils, ces carrières, parce qu’il y a beaucoup de personnes qui font carrière maintenant. Quelles carrières est il possible de faire chez McDonalds ? Parce qu’on en entend beaucoup parler quand il y a des campagnes de recrutement. Quelqu’un qui, par exemple, sort d’une école de commerce, alors on peut parler d’une école que vous connaissez, Rennes School Of Business Quelle carrière peut il espérer au sein du réseau McDonald ?
Mario Piromalli
Si on sort de l’ESC Rennes ou d’ailleurs, on peut faire plusieurs métiers chez McDonald’s, des métiers dans le management, des métiers dans le marketing, des métiers dans les achats… Enfin, c’est une entreprise tellement vaste qui offre beaucoup de possibilités. En tous les cas, la carrière classique c’est dans l’opérationnel. Être manager, directeur, superviseur, directeur d’un marché, directeur d’une région, devenir franchisé… Enfin, toutes les carrières sont ouvertes pour toutes les personnes qui ont envie. Juste envie. Donc, comme dans d’autres métiers, j’imagine. Donc le monde appartient à ceux qui ont envie en fait. Peu importe le métier, peu importe la boite, peu importe l’enseigne. Si vous avez envie, le monde vous appartient. Et si vous vous mettez pas trop de barrières, des bonnes barrières mais pas n’importe lesquelles, je pense que le Monde vous appartient et puis le monde est tout petit. Enfin, vous le savez bien. Aujourd’hui le monde est minuscule, donc il y a beaucoup, beaucoup de choses à faire aujourd’hui quand on a l’envie et je pense à ça quand vous me faisiez penser à mes débuts : La persévérance. On vous dit non, si vous savez que vous avez raison, vous continuez, persévérer, persévérer, convaincre les autres. La persévérance, c’est l’arme du pauvre. C’est celui qui n’a plus rien. Il lui reste qu’une seule chose, c’est persévérer. Donc il va réussir, forcément.
Valérie Sauvage
Alors c’est sans doute des des conseils que vous donnez au sein de YAO! ?
Mario Piromalli
Oui je pense oui.
Valérie Sauvage
Parce qu’on a parlé de McDonald’s, mais il y a YAO! aussi qui occupe une bonne partie, qui fait partie de l’un de vos métiers. On en parlait. Votre vie est riche de plein de métiers, de plein d’aventures. Je pense que c’est une vie que vous n’auriez pas imaginé au départ ou est ce que vous vous étiez projeté comme ça en vous disant « J’ai zéro limite et je vais peut être faire des choses incroyables » ? Est ce qu’il y avait cette envie de faire quelque chose incroyable, ou est ce que c’est une suite d’opportunités ?
Mario Piromalli
Je pense qu’il y avait sans doute de l’envie. Mais il y avait rien de programmé. La seule envie que j’avais, c’est de servir ça je le sais ça. J’ai toujours su pratiquement, mais je n’ai pas programmé toutes ces choses là. C’est pas vrai. YAO! c’est une aventure extraordinaire et j’en viens au mot qu’on a utilisé tout à l’heure, c’est de transmettre. YAO! c’est la traduction de mon point de vue, parfaite de la transmission. C’est rendre aux autres ce que j’ai reçu. Moi je n’étais pas destiné à devenir chef d’entreprise. Un jour McDo a un regard bienveillant sur moi. Bien sûr, ils étaient contents de me trouver. Mais ça aurait pu être quelqu’un d’autre. Donc ils m’ont tendu la main et je suis devenu franchisé McDo. Regardez autour de vous, regardez peut être dans votre vie. Un jour, à un moment, quelqu’un vous a dit quelque chose, fait quelque chose qui vous a peut être pas servi tout de suite, mais à un moment, ça vous a servi. Un professeur à l’école qui vous a dit un truc qui vous a marqué et qui ressort quelques années plus tard. Nous laissons des traces autour de nous et si ces traces sont des bonnes traces, bienveillantes, on a envie de rendre à l’autre. Elles peuvent servir. Elles peuvent faire une belle vie à quelqu’un d’autre. Transmettre généreusement, transmettre gratuitement ce que l’on sait, ce que l’on a acquis aux autres, comme ça, sur un plateau. Comme à Air France. Eh bien, c’est devenir un chef d’entreprise accompli. Vous savez la vie d’un chef d’entreprise, c’est souvent la même. D’abord, on veut monter sa boîte. Alors on est vaillant, on en est fier, on y va, on se paye pas. Parce qu’il faut faire remonter la boîte. On a beaucoup de galères et on les surmonte. Le chef d’entreprise, c’est la gestion de l’imprévisible. Tous les jours, il y a quelque chose d’autre qu’on n’avait pas imaginé. Donc il faut être souple dans sa tête pour gérer ce qu’on n’avait pas prévu. Donc, il y a cette première partie où il vaut mieux être encore vert pour le faire parce que faut y aller. Et il y a la deuxième partie où ça commence à aller un petit peu mieux. Les choses se stabilisent, l’entreprise prend forme, prend sa place dans la société. Elle existe enfin, on l’appelle, on fait appel à vous. On a un peu de fierté. Là, tranquillement, on se dit que ça sent bon, ça sent bon.
Et puis après, ça va très très bien. Alors là, on s’achète la nouvelle voiture, on achète une maison, un appartement, on commence à s’installer et après, pour d’autres, c’est la multiplication des entreprises. Oui, j’ai tellement bien réussi dans celle là. Il faut que je continue à réussir avec d’autres. Et au bout d’un moment, on se dit « OK, j’ai ouvert deux boites puis trois boîtes, puis cinq boîtes, et alors puis six boîtes. Et alors ? » À un moment on se pose d’autres questions, on se dit à quoi ça sert tout ça ? Bien sûr, je suis content. Bien sûr, j’ai de la satisfaction. Bien sûr, financièrement, tout va bien. Mais tout ça, ça a des limites. La seule chose qui n’a pas de limite, c’est la transmission. Et là, on a envie de transmettre. C’est pas la dernière vie, mais une des vies du chef d’entreprise accompli. C’est à dire qu’on transmet aux autres ce qui nous a servi à nous et on le fait gratuitement. On le fait généreusement, on le fait pour que ça serve. On le fait pour être utile et là, on devient un chef d’entreprise accompli. Ça s’appelle la transmission. Et là, ça boucle une vie de chef d’entreprise et c’est ce que je fais moi à YAO!. Ça ne veut pas dire que je vais tout arrêter une fois cette chose terminée mais ça ne serait pas complet si je ne l’avais pas fait.
Valérie Sauvage
Alors c’est très beau ce parcours, ce message et vous répondez même à une question que je n’ai pas posée. On parlait du profil. Des jeunes peuvent se dire ça va m’aider à travailler mon profil de savoir ce qui est attendu, ce qui est espéré, ce qui créer l’enchantement. Mais là, vous répondez même à ces entrepreneurs qui se disent et l’après? Quand la flamme peut être commence à s’éteindre parce que la nouveauté n’est plus là, parce que le fait de créer après une fois, deux fois, trois fois, ça devient beaucoup plus facile. Pas forcément sans stress, pas forcément sans difficultés, mais une capacité, une résilience… On sait faire finalement. Et cette transmission, cette étape d’entrepreneur accompli, c’est presque « Qu’est ce qu’un profil d’entrepreneur accompli » Et vous y avez répondu. C’est cette facette là. C’est laisser un message, c’est aider d’autres aussi à croire en leurs rêves, à savoir comment procéder. Et vous êtes entouré de beaucoup de chefs d’entreprise au sein de YAO! qui viennent comme ça parrainer, marrainer des jeunes et un petit peu moins jeunes, mais avec beaucoup d’envie.
Et donc c’est une jolie marque. On ne parle pas de marques, de noms mais de messages que vous laissez et vous m’avez donné aussi une indication précieuse tout à l’heure, en off, une nouvelle fois avant l’interview, C’est la manière dont vous gérez parce que c’est beaucoup d’éléments en tête, beaucoup de choses à faire. Même si on a compris, ça n’est pas du travail. C’est quand même une organisation au quotidien. Et vous avez cette faculté pour être le plus présent possible et le plus attentif à ce que vous faites, de ne pas éparpiller votre esprit. Et dites nous un petit peu plus vite vous même comment vous procédez, comment vous regardez votre agenda ? Parce que ça va surprendre beaucoup de personnes.
Mario Piromalli
Oui je vous ai expliqué que d’abord, je ne fais pas mon agenda. C’est mon assistante qui remplit mes rendez vous et je ne sais jamais ce que j’ai à faire le lendemain. Et je ne veux pas savoir parce que je veux être là aujourd’hui maintenant. Par exemple, je ne sais pas ce que j’ai à faire cet après midi. Je le savais hier soir avant de m’endormir, j’ai regardé mon agenda pour savoir qu’est ce que j’avais à faire demain matin, et c’était ce rendez vous là. Mais ça s’arrête là. L’idée, c’est d’être là maintenant, tout de suite et de ne pas me polluer la tête avec toutes ces choses que je fais parce que j’en fais peut être un peu trop, un peu, beaucoup dans plusieurs métiers. Et si je mélange tout ça, ça ne va pas le faire. Et j’ai une responsabilité de chef d’entreprise d’être là ici et maintenant pour mon entreprise et pour les salariés qui travaillent. Donc je dois faire attention à ça. Et donc je me balade souvent de restaurant en restaurant, sans rendez vous. Je ne sais jamais où je vais. Je me laisse guider par mon instinct en fait, et c’est en en rencontrant les restaurants, les clients, les salariés que se peaufine la prochaine heure de travail, en fait, et les moments les plus productifs pour ça, pour moi, sont le week end.
Parce que le week end, tout se repose. Il y a un peu moins de stress et je parle avec les personnes qui sont autour de moi, mes collaborateurs. On boit un café ensemble et on travaille dix fois plus qu’en semaine. Donc voilà, je n’ai pas de de recette miracle là dessus. Mais ma façon de faire, elle peut paraître un peu désorganisée comme ça, mais elle ne l’est pas du tout. En fait, rien ne m’échappe, mais rien ne se colle à moi. Je reste libre. C’est très important pour moi d’être libre dans ma tête, libre pour pouvoir être ouvert à tout, libre pour pouvoir bien faire et pas attaché à quelque chose qui m’empêcherait de mal faire parce que je suis attaché. Non, non, je veux rester libre.
Valérie Sauvage
J’ai envie de terminer l’interview sur ce très beau message. Mais j’ai une petite habitude, je pose des questions, on répond du tac au tac. Essayez de réfléchir le moins possible.
Mario Piromalli
C’est pas pas difficile, ça.
Valérie Sauvage
Alors ça peut vous surprendre. Mais ça va nous éclairer aussi sur sur votre personnalité. Si vous deviez très vite quitter la France et aller vivre à l’étranger, dans quel pays vous iriez vous installer ?
Mario Piromalli
Miami.
Valérie Sauvage
Pour quelles raisons ?
Mario Piromalli
Parce qu’il fait beau. Parce que c’est le pays où tout est possible. Parce que aussi. Ne croyez pas qu’aux États-Unis, tout est bien, c’est pas vrai. Comme partout, il y a des choses bien et des choses pas bien, mais c’est encore possible. En plus, il fait beau, les gens aiment la réussite. Donc moi, je pense que j’irai là.
Valérie Sauvage
Merci. La leçon qui vous a le plus appris dans votre vie ?
Mario Piromalli
Le premier franchisé chez qui j’ai travaillé à Strasbourg. Michel, comme c’était le premier franchisé en France, je lui ai dit « Mais Michel, pourquoi pas demander à être franchisé à Strasbourg ? Tu te rends compte ? Tu pourrais le franchisé à Monaco, à Nice, là où il fait beau et ainsi de suite c’est merveilleux. Et toi, tu restes à Strasbourg ? Pourquoi ? » Et il me répond « Mario, rappelle toi d’un truc : l’argent se travaille dans le Nord et se dépense dans le sud. »
Valérie Sauvage
C’est vrai, c’est vrai. Autre question du tac au tac. Quel est l’entrepreneur dans le monde qui vous inspire le plus ?
Mario Piromalli
J’en ai plusieurs. Il y a des personnalités qui m’impressionne beaucoup. J’ai perdu son nom tout de suite et il est décédé dernièrement. Qui s’occupait de Chanel ? Karl Lagerfeld, Il m’a toujours impressionné. Pourquoi ? Parce qu’il dit ce qu’il pense et parce qu’il paraît tellement sûr de lui. Il assume parfaitement toute sa vie, il assume la façon dont il est. Et quand il fait un dessin, c’est un dessin juste. Donc il m’a toujours impressionné cet homme là. Après, ça peut être des personnes que vous ne connaissez pas, qui m’ont beaucoup impressionné. Des gens qui disent des choses pleines de sens. Les gens, j’en ai pas qui viennent en tête. Sauf Karl Lagerfeld là tout de suite.
Valérie Sauvage
Très bien. Écoutez, je vais vous libérer. Vous allez pouvoir regarder votre agenda de cet après midi et j’ai trouvé ça magnifique que vous puissiez nous transmettre ce message d’une manière différente. Je suis Rennaise très attachée à la Bretagne et j’ai trouvé ça important de laisser la parole à des entrepreneurs qui ici, inspirent énormément. Heureusement pas qu’en Bretagne, mais ce côté humain que vous ajoutez à la réussite. Chacun à sa définition de la réussite, chacun à sa définition du bonheur. Vous savez que c’est mon cheval de bataille et j’adore partager des moments comme celui qu’on vient de vivre. Donc merci beaucoup pour le temps accordé. Merci pour les messages transmis. Bravo aussi de réussir à parler aussi bien à des jeunes. On a parlé de Rennes School of Business, il y a beaucoup d’autres personnes qui vont se retrouver aussi dans les conseils prodigués. Des entrepreneurs aussi, des jeunes, des moins jeunes qui peuvent aussi se remettre en question et ajouter plus à leur profil tout en restant authentique tout en restant eux mêmes. Et merci de le faire si bien.
Mario Piromalli
C’est moi qui vous remercie de prêter un tout petit peu d’attention sur ma petite personne. Je serai juste content si ça sert à quelqu’un. Ce qu’on vient de se dire aujourd’hui, ça serait ma récompense. Merci beaucoup.
Valérie Sauvage
Merci.